Je vous répondrai par la mine de mon crayon.

Il y a plusieurs façon de crier, ma préférée c'est le silence.

jeudi 12 juillet 2012

La grève était étudiante, mais la lutte reste populaire.


Les élections se font sentir à plein nez et je sens les troupes déchanter et crier à l’éminente défaite. Les élections seraient donc la preuve que nous avons été les simples pions de Monsieur le Premier Ministre et aujourd’hui nous nous en verrions déçus voir même presque surpris ? En avons nous déjà douté ? Avons nous été aussi dupes et naïfs ?

Vous me verriez surprise à mon tour de constater que vous n’aviez pas vu venir le tout et que vous aviez encore espoir. Je ne crois pas que l’espoir chez un groupe peut être assez fort. J’en suis désolée. Nous avons pourtant continué la bataille sachant très bien que nous étions de la grotesque chair à canon qui servirait à M.Charest de tapissage électoral.

Allez ! Nous nous sommes mis les pieds, la tête, les convictions et le cœur dans la gueule du loup sans aucune hésitation et en connaissance de cause. Bon, il en est ressorti beaucoup plus de matière fécale que prévue. Le Québec a dû faire face à la merde qui macérait, celle qu’on alimentait depuis des décennies à grands coups de "chialage" et de manque d’implication au niveau politique et communautaire.

Sachant, ce que vous appelez une défaite, venir, on a tout de même foncé dans le tas, pis à bouche que veux tu. À grands coups de slogans et de grands discours. À grands coups d’anti-émeute dans la face et de black block dans les vitrines. On a brassé de la merde pour brasser de la merde, pour faire vivre cette province, pour faire parler son peuple, pour faire chialer une bonne fois pour toute, et pour une bonne raison, le québécois dans son salon. Et Dieu que ça a fait du bien.

Nous clamons depuis le début de ce conflit que notre lutte n’est pas qu’égoïste, est faite pour les générations à venir et pour le peuple entier. M’accuserez-vous de grande froideur si j’ose dire que cette impression d’avoir perdu le conflit est en elle seule des plus égoïstes de notre part. Nous allons vraiment retourner dans notre coin chialant et chignant se disant qu’on a tout fait ça pour rien, que nous avons rien gagné… Que nous avons perdu. Hey ! Lève ta tête de ton nombril et regarde ce que le Québec a fait comme pas.

D’accord, j’avoue que le conflit a évolué et que le « Bloquons la hausse » du départ a pris des proportions inimaginables, à presque s’en voir même effacé de la scène de la grève. Et depuis, les gens prennent la parole. Les gens osent discuter. Bon très gentiment, à la québécoise, le poing gauche dans les airs et la main droite tendue pour une accolade, mais tout même.

Des gens se chicanent au sujet d’une ruelle verte dans Rosemont Petite-Patrie. Scandaleux direz-vous. Moi, je trouve cela génial ! La police a dû intervenir, parce que des gens sont sortis dehors discuter dans la ruelle. Ils ont dû arrêter les travaux pour prendre une décision qui convenait à tous. À cela, je dis un gros et gras : AMEN ! Et je vous entends chialer qu’à partir de maintenant nous devrons parlementer de tout avant de s’exécuter… BEN OUI !

On a peut-être perdu une partie de la bataille, parce qu’en bon québécois nous n’avons pas été stratégiques, mais grandement émotifs. Cependant, nous avons fait gagné beaucoup au Québec. Nous avons hypothéqué notre session pour rien direz vous. NON ! Pour des citoyens qui se parlent, des voisins qui échangent, des fêtes de quartier, un peuple qui prend la parole, des gens qui ressentent le besoin de se regrouper et qui en reconnaissent maintenant tout le poids, l'importance et le pouvoir. On vit notre Québec. Je me sens plus que jamais habiter cette ville, cette province… 

Si nous abandonnons le combat, Charest rentra majoritaire, fièrement et facilement. Si nous continuons, nous montrons encore à ce gouvernement que la jeunesse peut s’organiser tellement efficacement que ses mobilisations peuvent faire trembler une ville entière de manière positive.

Nous avons tellement répété que la grève était étudiante, mais la lutte populaire… Pourquoi nous dissocions nous maintenant de cette lutte populaire puisque nous avons supposément échoué dans notre grève? Des élections arrivent… Ne voyez vous pas toute l’ampleur de la tâche ? Charest pense ainsi éteindre notre lutte et faire gentiment suivre le peuple… Montrons lui que cette lutte est vraiment populaire. S’il nous présentent des élections, il faut être assez intelligents pour mettre la hausse de côté. Attaquons-nous à ce nouveau taureau qui rugissait si vivement devant notre carré rouge et qui maintenant, gonflé à bloc, nous ayant retirer notre carré sanguinaire, pense pouvoir nous achever… Entrons énergiquement dans cette corrida. Je nous fais totalement confiance. Le peuple ne prendra pas le relai, il regarde dans les estrades ce que nous oserons faire. Nous sommes encore un simple spectacle divertissant. Tout repose encore sur nous.

La grève était étudiante, mais la lutte reste populaire.

P.S. La grève ne s’éteint pas, elle sommeille et reprend des forces.

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