Les élections se font sentir à plein nez et je
sens les troupes déchanter et crier à l’éminente défaite. Les élections
seraient donc la preuve que nous avons été les simples pions de Monsieur le
Premier Ministre et aujourd’hui nous nous en verrions déçus voir même presque
surpris ? En avons nous déjà douté ? Avons nous été aussi dupes et
naïfs ?
Vous me verriez surprise à mon tour de
constater que vous n’aviez pas vu venir le tout et que vous aviez encore
espoir. Je ne crois pas que l’espoir chez un groupe peut être assez fort. J’en
suis désolée. Nous avons pourtant continué la bataille sachant très bien que
nous étions de la grotesque chair à canon qui servirait à M.Charest de
tapissage électoral.
Allez ! Nous nous sommes mis les pieds,
la tête, les convictions et le cœur dans la gueule du loup sans aucune
hésitation et en connaissance de cause. Bon, il en est ressorti beaucoup plus de
matière fécale que prévue. Le Québec a dû faire face à la merde qui macérait,
celle qu’on alimentait depuis des décennies à grands coups de "chialage"
et de manque d’implication au niveau politique et communautaire.
Sachant, ce que vous appelez une défaite,
venir, on a tout de même foncé dans le tas, pis à bouche que veux tu. À grands coups de slogans et de grands discours. À grands coups d’anti-émeute dans la face
et de black block dans les vitrines. On a brassé de la merde pour brasser de la
merde, pour faire vivre cette province, pour faire parler son peuple, pour
faire chialer une bonne fois pour toute, et pour une bonne raison, le québécois
dans son salon. Et Dieu que ça a fait du bien.
Nous clamons depuis le début de ce conflit que
notre lutte n’est pas qu’égoïste, est faite pour les générations à venir et
pour le peuple entier. M’accuserez-vous de grande froideur si j’ose dire que
cette impression d’avoir perdu le conflit est en elle seule des plus égoïstes
de notre part. Nous allons vraiment retourner dans notre coin chialant et
chignant se disant qu’on a tout fait ça pour rien, que nous avons rien gagné… Que
nous avons perdu. Hey ! Lève ta tête de ton nombril et regarde ce que le
Québec a fait comme pas.
D’accord, j’avoue que le conflit a évolué et
que le « Bloquons la hausse » du départ a pris des proportions
inimaginables, à presque s’en voir même effacé de la scène de la grève. Et
depuis, les gens prennent la parole. Les gens osent discuter. Bon très
gentiment, à la québécoise, le poing gauche dans les airs et la main droite
tendue pour une accolade, mais tout même.
Des gens se chicanent au sujet d’une ruelle
verte dans Rosemont Petite-Patrie. Scandaleux direz-vous. Moi, je trouve cela
génial ! La police a dû intervenir, parce que des gens sont sortis dehors
discuter dans la ruelle. Ils ont dû arrêter les travaux pour prendre une
décision qui convenait à tous. À cela, je dis un gros et gras : AMEN !
Et je vous entends chialer qu’à partir de maintenant nous devrons parlementer
de tout avant de s’exécuter… BEN OUI !
On a peut-être perdu une partie de la
bataille, parce qu’en bon québécois nous n’avons pas été stratégiques, mais
grandement émotifs. Cependant, nous avons fait gagné beaucoup au Québec. Nous
avons hypothéqué notre session pour rien direz vous. NON ! Pour des
citoyens qui se parlent, des voisins qui échangent, des fêtes de quartier, un
peuple qui prend la parole, des gens qui ressentent le besoin de se regrouper
et qui en reconnaissent maintenant tout le poids, l'importance et le pouvoir. On vit notre
Québec. Je me sens plus que jamais habiter cette ville, cette province…
Si nous abandonnons le combat, Charest rentra
majoritaire, fièrement et facilement. Si nous continuons, nous montrons encore
à ce gouvernement que la jeunesse peut s’organiser tellement efficacement que
ses mobilisations peuvent faire trembler une ville entière de manière positive.
Nous avons tellement répété que la grève était
étudiante, mais la lutte populaire… Pourquoi nous dissocions nous maintenant de
cette lutte populaire puisque nous avons supposément échoué dans notre grève? Des élections arrivent… Ne voyez vous pas toute l’ampleur de la tâche ?
Charest pense ainsi éteindre notre lutte et faire gentiment suivre le peuple…
Montrons lui que cette lutte est vraiment populaire. S’il nous présentent des
élections, il faut être assez intelligents pour mettre la hausse de côté. Attaquons-nous à ce nouveau taureau qui rugissait si vivement devant notre carré
rouge et qui maintenant, gonflé à bloc, nous ayant retirer notre carré
sanguinaire, pense pouvoir nous achever… Entrons énergiquement dans cette
corrida. Je nous fais totalement confiance. Le peuple ne prendra pas le relai,
il regarde dans les estrades ce que nous oserons faire. Nous sommes encore un
simple spectacle divertissant. Tout repose encore sur nous.
La grève était étudiante, mais la lutte reste
populaire.
P.S. La grève ne s’éteint pas, elle sommeille
et reprend des forces.
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