Deux habitués m’ont accueillie cigarette au bec, prenant de mes
nouvelles. Je suis toujours attendrie par le fait qu’ils sont vraiment
intéressés à entendre la réponse au « How’s going ? » qu’on
lance trop souvent sans prendre en considération la suite ou l’impact de cette
question. Je leur ai demandé si je pouvais entrer… une habitude j’imagine,
puisque la porte n’est jamais barrée… Les jeunes hommes entrent avec moi, je me
sens escortée. C’est fou parfois où on peut se sentir en sécurité.
Trop froid pour lire, j’ai décidé de jouer. Imaginez, une gamine chez
une trentaine d’hommes qui a pour but de s’amuser… Mes ambitions sont parfois
loufoques, je le sais. J’ai mes deux acolytes thé en main qui me suivent sans
broncher, ce soir je suis accompagnée de deux vrais guerriers. C’est fou où
parfois on peut se sentir en sécurité.
Pis mon petit cœur me dit qu’on a vu pire, comme misère ça va aller. Je
m’approche demande ce qui joue à la télé et présente mes deux guerriers. Mon
cœur saute une fois, je dois l’avouer. Ils sont tous assis comme des ados côtes
à côtes, comme pour se réchauffer. En guise de réponse, j’ai droit à un grand silence et
quelques soupirs. Ils sont parfois en sécurité.
Un grand gaillard vient me retrouver. « Do you wanna play a
game ? » , je lui ai lancé bien décidée. Il me répond en riant,
entendant mon accent : « En français ça va aller ! » Il
m’amène à la table entre deux Kratf Dinner et des hommes attablés. Mon cœur
flanche part two, mais ça va aller. On a vu pire, mais c’est fou où parfois on
peut se sentir en sécurité.
Je joue avec mon jeu de carte imaginaire, l’amenant là où je veux bien, sans lui expliquer. Il ricane et me suit sans hésiter, en me laissant jouer dans
son quotidien particulier. Puis à l’arrière j’entends une voix qui vient vers
moi et des éclats de rire. Visiblement, il y a de quoi se moquer et le sujet
assume ce qu’il vient de provoquer. Je me retourne vers TOI. Dans une autre
vie, tu as assurément été une princesse et tu en as gardé toute les manières et
la prestance. Tu pavanes ta réincarnation partout dans la maison, à en faire
éclater de rire tes compagnons. Voyant que j’amène ton collègue vers un but,
sans l’avertir, tu t’exclames : "I’ll bring you somewhere if you
want !" J’éclates de rire, on ne joue plus aux cartes, c’est clair.
C’est fou où on peut se sentir en sécurité.
Et tu t’assoies prêt à lire dans ma tête. T'as le shaman à quelques
pas. Tu vas m’apprendre à jouer je ne croirai pas ça. Tu prends le tableau pour y
écrire et me servir mon propre jeu. Après quelques manipulations, tu te lèves en
criant : « I got you, you see I got you ! » Vu de l’extérieur
c’est à n’y rien comprendre, mais you really got me. You got me à ton rire du
début. You really really got me. Et mon cœur flanche round 3, j’ai les genoux
mous et la babine qui tremble intérieurement. C’est fou, avec toi je me sens en
sécurité.
Je me retourne vers mon compagnon du départ sous les rires amusés de
mes guerriers qui tout en donnant du thé échangent quelques sourires. Puis, la
princesse réincarnée revient avec un compagnon aux airs de gamin. Il l’asseoit
en face de moi et me dit : « Play ! ». Cet ordre me
déconcerte et m’amuse à la fois. Vsiblement, tu as assez aimé pour m’amener un
autre homme à amuser. La maison a entendu l’interaction, on écoute maintenant
le jeu plutôt que la télé. Et c’est fou, avec tous ces regards sur nous braqués,
je me sens en sécurité.
Mon cœur flanche quasiment en
chaos final à TA vue. Comment on peut entrer une âme de gamin aussi bien dans
le corps d’un adulte et en garder toute la pureté. Et toi, tu as compris toute
l’essence de la phrase : « Il nous fallut bien du talent pour devenir
vieux sans être adulte ». Tu t’asseois de côté, pendant que princesse te
bouscule un peu, amusé. Tout ton corps me manifeste ton mal aise et ton envie de
te sauver. Je m’approche tranquillement, j’ai une réplique du petit prince tout
à portée, faudrait pas gâcher le moment. C’est fou, je ne te sens pas en
sécurité.
Les hommes ricanent entre deux bouchers de Kraft Dinner. T’as un nom
d’artiste de Pop Art ça rajoute à ton mystère. « Do you really wanna
play ? » Et puis bang, tu souris timidement. J’hésite à
affirmer si tu got me ou je got you. Je me lance et tu me suis les yeux
illuminés. Jamais vu quelqu’un laisser autant entrer une personne dans sa bulle.
Et puis bam, la conclusion révélée, tu crois que j’ai lu dans tes pensée, mais
non j’affirme t’avoir contrôlé. Ta bouche s’ouvre, émerveillé. Pourtant, j’ai
rien expliqué, t’as tout compris, t’es silencieux, mais putain que t'es allumé. Tu disparais
subtilement, je ne sais où dans la maison des 30 hommes en sécurité devant la
télé.
La princesse revient dans ses bras me serrer et le gaillard me tient la
main content d’avoir su jouer. Mon cœur veut partir en courant. Mes deux
guerriers viennent me retrouver, puis sur mon épaule je sens un doigt tapoter.
Je me retourne et vois le petit prince qui me tend un objet que je n’arrive pas
à identifier. « My art » qu’il dit en regardant le plancher. Je me
retrouve avec un phoque, un poisson en bouche tout travailler au fil de métal,
dans la main. Après quelques échanges, on comprend que le petit prince nous l’offrira en cadeau, une fois terminé…
J’ai les genoux qui flanchent à l’intérieur et mon âme qui se sent en sécurité.
Dans la maison des trente hommes, aujourd’hui jai aperçu une seule
femme parmi la masculinité. Elle revenait joues rosies par la courses,
écouteurs aux oreilles et paix de retour d’exercice plaquée au visage. Aujourd’hui, de 30 hommes entourés mes genoux
ont flanché en silence, parce qu’on aura beau voir de la grande misère, on
dirait que malgré qu’on ne peut jamais s’y habituer, on prend nos airs, on se
forme une carapace. C’est devant un quotidien, un authenticité, un accueil, une
confiance, un partage de moment où on se sent en sécurité que les gens se
révèlent, qu'ils nous font l’honneur de mettre les pieds dans leur maison,
même si elle n’est jamais barrée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire